
Les puissances de l’invisible sont de retour. L’IA promet de faire advenir l’homme augmenté et de soigner les malades, de se substituer aux vivants et de faire parler les défunts. Jusqu’à vaincre la mort elle-même ? C’est une révolution métaphysique en même temps qu’un bouleversement technologique, affirme Laurence Devillers. Voici l’intelligence artificielle enfin décryptée. Et sa magie, démystifiée. Demain, les agents conversationnels deviendront nos amis imaginaires et nos anges gardiens. Les chatbots comme ChatGPT sauront tout de notre vie privée. Transformeront notre rapport au virtuel comme au réel. Et changeront notre façon de croire et de créer, de transmettre et d’aimer. Pour le meilleur et pour le pire.
Professeure en intelligence artificielle à la Sorbonne, spécialiste reconnue internationalement, Laurence Devillers présente les défis, explique les menaces et nous ouvre aux enjeux intellectuels et spirituels d’une force en passe de redéfinir les frontières du réel. Elle fait la part des progrès et des risques. Et nous dit quel sera le monde de demain.
Professeure en intelligence artificielle à Sorbonne Université, chercheuse au CNRS et membre du Comité national Pilote d’éthique du numérique (CNPEN) jusqu’en 2024, Laurence Devillers est également présidente de la Fondation Blaise Pascal. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages portant sur les relations entre l’humain et la machine dont Des Robots et des hommes et Les robots émotionnels.
Prologue
Introduction
Première partie – IA, ANGE GARDIEN
1- Nos amis imaginaires
2- Hypnotique IA
3- Les émotions
4- L’imagination
Deuxième Partie – DÉFIS ÉTHIQUES ET SOCIÉTAUX
5- Faire parler les morts
6- Le transhumanisme
7- Métaphysique et IA
8- La puissance de l’invisible
Conclusion
Glossaire
Notes et références
Nombre de pages
289
Langue
Française
Année de publication
2025
Éditeur
Les éditions du cerf
ISBN
978-2-204-158183
Dans l’IA Ange ou Démon ? Laurence Devillers nous donne des éléments factuels pour démystifier une IA qui selon ses concepteurs serait capable de milles prouesses. Certes, le potentiel de l’IA est incroyable et les cas d’usage actuels et à venir très nombreux. Mais au-delà de la hype, Devillers nous propose une réalité nécessairement plus nuancée.
Dans un propos vulgarisé, ni techno-solutionniste, ni techno-phobique, elle nous dresse un état des lieux actuel de la recherche et ses implications dans notre quotidien.
Le propos de Deviller s’appuie sur de nombreuses références en y ajoutant des perspectives historiques, qui permettront au lecteur d’approfondir les nombreuses thématiques abordées (IAG, affective computing, gestion des émotions, deuil, considérations éthiques & philosophique, transhumanisme et immortalité numérique…).
Tout au long du récit, elle propose des pistes et des garde-fous pour tenir compte de nos fragilités humaines et des risques que pourraient faire porter une IA sans contrôle sur nous, notre cerveau, notre créativité.
Alors, l’IA est-elle un ange ou un démon ? Il est encore temps pour l’humanité de décider et d’agir avec raison dans l’incertain (Blaise Pascal).
Si Musk vise l’amélioration de l’intelligence humaine, Ray Kurzweil va pour sa part encore plus loin en affirmant que l’IAG ne se limitera pas à des machines autonomes. Il prédit une fusion progressive entre les humains et les IA, grâce à des technologies comme les interfaces cerveau-ordinateur (BCI). Il imagine un futur où les humains pourront augmenter leurs capacités cognitives en connectant leur cerveau à des systèmes d’IA avancées, formant ainsi une sorte de « super intelligence hybride ». (p.76)
Nous devons nous préparer à une ère où des agents « d’intelligence addictive » pourraient émerger, remettant en question notre autonomie personnelle. En nous reposant excessivement sur ces intelligences artificielles pour la réflexion critique, la résolution de problèmes ou la prise d’initiatives, nous risquons de devenir dépendants et vulnérables en cas de défaillances ou de manipulations. (p.94)
Dans les années 70, Daniel Kahneman et Amos Tversky ont démontré que nous n’étions pas capables d’analyser les choses de manière objective en toutes situations : nous faisons assez souvent des erreurs. Ces chercheurs ont joué un rôle décisif dans la compréhension de notre fonctionnement cognitif humain en introduisant la notion de « biais cognitifs systématiques » […] Nous avons également constaté que le nudge et le sludge des paroles des agents IA (robot et chatbot) sur des pratiques écologiques avaient plus d’impact sur les personnes que les incitations des humains. (p.99)
Si l’humain reste le moteur de la découverte et de l’innovation, l’IA joue un rôle catalyseur en générant des résultats imprévus qui, lorsqu’ils sont correctement interprétés, peuvent mener à des avancées inattendues et passionnantes. Le futur de cette dynamique pourrait se caractériser par une collaboration créative dans laquelle la sérendipité humaine et la créativité algorithmique pourraient se nourrir mutuellement, ouvrant de nouvelles voies pour l’exploration, l’invention et la découverte. (p.164)
Ray Kurzweil, futuriste et directeur de l’ingénierie chez Google, est célèbre pour ses théories sur la singularité technologique. Celles-ci suggèrent que l’IA pourrait dépasser l’intelligence humaine, provoquant ainsi une évolution radicale. Bien que Kurzweil ne parle pas directement de divinité de l’IA, il a évoqué la possibilité que cette dernière puisse réellement atteindre des niveaux de compréhension et de sagesse qui pourraient être perçus comme divins. Selon lui, l’humanité pourrait même, à travers l’IA, fusionner avec une intelligence supérieure, donnant naissance à une forme d’immortalité ou de transcendance.
Ce qu’ils [GAFAM] créent avant tout ce sont des produits, des interfaces séduisantes comme ces objets qui nous parlent et génèrent des flots d’information. Les outils numériques actuels nous coupent de toute idée de réparation et d’autonomie technique. Nous sommes dépendants des interfaces sans savoir ce qui est caché dans les entrailles des programmes informatiques. (p.254)
En Europe, nous devons réagir et mener une politique et penser une gouvernance de l’IA avec une vision construite du futur. Marietje Schaake, spécialiste de la régulation du numérique et ex-députée européenne, dénonce le contrôle d’infrastructures critiques cruciales pour la société et la démocratie par des patrons du numérique comme Elon Musk et toutes les BigTech, désormais suiveuses de Trump.